Jérome Alquié et Arnaud Dollen : projet BD et Interview

Depuis plusieurs années, nous recevons au collège le dessinateur Jérôme Alquié et le scénariste Arnaud Dollen pour le projet Bd en classe de sixième.

Ensemble, ils sont les auteurs de la série Surnaturels.

Jérôme est l’auteur des tomes 5 et 9 de Mythics et de la série Capitaine Albator


Le projet BD

Jérome et Arnaud interviennent pendant trois heures pour chaque classe de 6e. Le but est de mettre en planche de BD un texte imaginé pendant le cours de français avec leur professeur. C’est un travail très complet car il aborde la caractérisation des personnages (comment dessiner tel ou tel personnage en faisant ressortir ses particularités), la construction du scénario (différentes étapes, caractérisation des personnages), et le storyboard (organisation de la planche et brouillon).

Voici quelques photos prises pendant le projet BD, et une vidéo du moment ou Jérôme montre ses techniques et outils de dessin :

Interview :

Cet automne, les élèves du club journal ont rencontré Jérôme et Arnaud pour une interview exclusive !

Qu’est – ce qui vous a poussé a faire du dessin ou à écrire ?

J : J’ai grandi avec les dessins animé qui passaient à la télévision, ça ma beaucoup plu et j’avais envie de faire vivre les personnages d’un épisode à un autre, donc en attendant le prochain épisode, j’essayais de redessiner les personnages que j’avais vus à la télé, c’est comme ça que j’ai commencé à dessiner et que j’ai aimé dessiner.

A : Pour ce qui est de l’écriture, j’ai fait beaucoup de jeux de rôle quand j’étais jeune, et les séances de jeux de rôle ne me suffisaient pas, j’avais envie d’inventer des histoires avec mes personnages, pour continuer a leur faire vivre des aventures, c’est comme ça que j’ai commencé a écrire des histoires, puis ça ma donné envie d’écrire des histoires beaucoup plus longues.

A quel âge vous avez commencé ?

J : Moi pour le dessin j’ai commencé quand j’étais vraiment tout petit, et le plus vieux dessin que j’ai fait (car j’avais une pochette où ma mère me les rangeait), j’avais trois ans et demi.

A : Moi c’était quand j’étais en 5° donc j’avais douze ans, c’est là où j’ai commencé à faire beaucoup de jeux de rôle et à créer des histoires, j’ai même fait des scénarios de BD sur Spiderman.

Comment avez vous appris à dessiner, Jérôme ?

J : Alors moi je n’ai malheureusement pas eu de cours de dessin, à part ceux que j’avais au collège, et ce n’est pas vraiment eux qui m’ont appris à dessiner, je n’avais pas la chance d’avoir des profs comme Mme Escorihuela, donc c’était en essayant de refaire ce que je voyais à la télé ou dans les BD que j’avais achetées, j’essayais de redessiner et de comprendre au travers de ce que je voyais, pour savoir si il y avait des techniques, et petit à petit j’ai appris et j’ai dessiné de mieux en mieux.

Comment est-ce que vous êtes arrivés à travailler ensemble ?

A : Alors, en fait on s’est rencontré pendant nos études d’ingénieur, et à l’époque Jérôme animait le club manga. A l’époque les DVD ça n’existait pas, et donc il avait plein d’animés sur cassette vidéo, qu’il diffusait dans sa chambre. Il avait plein de posters et je lui ai dit :

«Ah ils sont super tes posters tu les a achetés où ? »

« Ben je les ai pas achetés, c’est moi qui les ai dessinés. »

« Tu dessines ça ?! »

« Oui oui, c’est un projet sur les Chevaliers du Zodiaque, mais je voudrais raconter l’histoire avec des mots et ça ne marche pas j’y arrive pas. »

« Bah c’est pas grave, je vais t’aider ! »

Et puis je lui ai écrit un premier chapitre qu’il a adoré, il a fait des dessins pour ce premier chapitre que j’ai adoré et c’est comme ça qu’on a commencé à travailler ensemble, c’était il y a 26 ans.

Es-ce que vous avez des projet solo ?

J : Alors moi je fais de la BD donc forcément quand on fait de la BD on travaille pas tout à fait en solo parce que souvent on a un scénariste avec nous. Quand on est dessinateur parfois c’est nous qui faisons notre propre scénario mais il y a quand même encore des éditeurs. Après, moi je suis plutôt issu du monde de l’illustration qui est un travail assez solitaire et c’est vrai que j’ai plus l’habitude de travailler seul qu’en groupe. Il m’arrive de travailler à deux, avec un scénariste, que ce soit Arnaud ou un autre, mais ça va pas chercher beaucoup plus loin. Il n’y a pas de grosse grosse structure, d’atelier où on est 15, 20 à travailler sur un projet.

A : Moi c’est pareil : dans l’écriture il y a toujours quelqu’un qui va faire l’essentiel du travail – en revanche, on peut avoir de l’aide, typiquement on m’aide beaucoup sur la création des personnages et les petites scènes qui sont centrées sur les personnages (ce n’est pas ma spécialité). Mais ça reste quand même un travail essentiellement solitaire.

Jérôme, comment s’est passé le travail avec Leiji Matsumoto, l’auteur d’Albator ?

J : Alors, quand tu reprends un personnage comme ça qui existe déjà, il faut que tu aies l’accord de celui qui l’a créé. C’est pour ça que j’ai travaillé avec l’auteur original. Ça s’est très bien passé dans le sens où c’est un monsieur agé ( il a 83 ans maintenant) et son objectif à lui c’est qu’on ne dénature pas son personnage. On peut faire quelque chose de nouveau mais sans trahir ce qu’il avait créé à la base. Donc du moment où on était respectueux de ses personnages, de la relation qui pouvait exister entre ses personnages, il était assez ouvert à ce qu’on puisse faire un petit peu comme on voulait. C’est comme ça qu’on avait envie de travailler, donc ça c’est fait avec beaucoup de respect. De mon côté, un respect énorme pour son œuvre de départ parce que c’était très important (ne serait-ce que par rapport à lui et par rapport au public) que le public puisse retrouver le personnage qu’ils ont aimé. Et très respectueux de sa part à lui, et c’est encore plus étonnant parce que c’est moi qui vient demander quelque chose : lui il a été extrêmement respectueux de ce que je produisais et il a été très bienveillant, un vrai support pour tout le projet, en m’encourageant, à tous les moments clés. Et ça s’est fini avec une belle rencontre entre nous. Quand vous avez la possibilité de rencontrer une personne que vous admirez, qui est à l’origine de votre passion, c’est toujours un moment très très fort, je vous souhaite de le vivre et moi je garderai à vie ce super souvenir de cette rencontre de ce grand homme .

Pouvez – vous parler de votre futur projet ?

J : Oui, on bosse de nouveau ensemble, de nouveau avec des personnages japonais qui existent, qui n’ont pas été créés par Leji Matsumoto mais par un autre auteur qui s’appelle Masami Kuromada. C’est sur les Chevaliers du Zodiaque donc on fait une bande dessinée sur un certain nombre de volumes. On a commencé depuis quelques mois, et le premier sortira l’année prochaine – ça va s’étaler jusqu’à 2025 à peu près.

A : Et ce qui est chouette, c’est que, les Chevaliers du Zodiaque, c’est le tout premier projet sur lequel on a travaillé ensemble, à l’époque on était des amateurs. L’idée, c’était pas du tout de le vendre, c’était juste d’y passer du temps car ça nous plaisait, c’était une passion. Là, maintenant, on va travailler non seulement officiellement avec un éditeur mais en plus sous l’aile de l’auteur originel de la série et je trouve que c’est quand même une chouette histoire, une belle façon de boucler la boucle. Il y a 25 ans, on a fait ça pour rigoler, par ce que ça nous plaisait, on trouvait ça cool. Le fait de se retrouver toute ces années après, de pouvoir le faire officiellement, c’est génial ! Et comme l’a dit Jérôme je vous souhaite de vivre ça, quelque chose qui vous tient à cœur et rien n’est impossible.

Quel est votre BD ou manga favori ?

A : Il y a un truc qui m’a vraiment bluffé, c’est le manga Akira, parce qu’il y a un côté ultra spectaculaire, un côté science – fiction, un coté rupture par rapport à ce que je connaissais, des histoires de Tintin, des histoires d’Astérix. J’adore ces livres mais je dirais Akira. Le mangas ça m’a fait dire « on peut faire des trucs comme, ça c’est possible ».

J : Moi aussi les mangas, c’est les dessins animés que je regardais quand j’étais enfant et que je regarde encore aujourd’hui – tous les dessins animés de ma jeunesse, donc Naruto et aussi Akira qui fait partie des plus grosses claques que je me suis prises. J’adore le manga City Hunters : j’aime beaucoup quand les dessins deviennent réalistes, mais la bande dessinée City Hunters qu’on appelle Nicky Larson en France, c’est quelque chose qui me plaît énormément en qualité graphique et c’est ce que j’aime retrouver chez d’autres auteurs comme celui qui a fait Monsters.

Et pour les BD sans aucun doute la Caste des Méta- barons, qui est une super saga de SF. Les dessins sont extraordinaires et c’est en plus des dessins qui ont la particularité d’être vraiment faits en peinture aquarelle, etc, avec plein de techniques différentes mélangées. Il y a assez peu de trait noir qui délimite les visages. C’est vraiment comme des peintures, et je trouve que c’est fabuleux.

Y a-t-il quelqu’un qui vous a inspiré ?

J :
À nouveau, ce sont les auteurs de ce genre de bandes-dessinées et de production de dessins-animés. C’est avec eux que moi j’ai appris à dessiner, et ça a été une source d’inspiration pour moi. Ensuite, il y a aussi des films de SF comme Stars-Wars et beaucoup d’autres.

A : Pour moi, ce serait le cinéma qui m’a beaucoup inspiré. En fait, quand j’écris tout le monde me dit « Mais on croirait un film Hollywoodien, un grand spectacle, ce qui fait que je ne travaille pas assez mes personnages – en tout cas pas suffisamment en profondeur. J’ai vu beaucoup de films. Mon parrain m’a emmené voir des films en VO. En cachette, je regardais des films d’horreur. Je pense que, avec le recul, il avait totalement le droit de m’amener. Mes parents étaient au courant, mais moi jeune, je croyais qu’on faisait ça en voleurs, sans rien dire et ça m’a nourri. J’ai une écriture très cinématographique parce que quand j’écris je m’imagine le film dans ma tête. Tout ça m’a inspiré, ce qui a de bien ou de moins bien d’ailleurs. Les deux peuvent vous inspirer. Même quand un film me déçoit : je me dis alors « Ah c’était une super idée. Je vais le ré-écrire!» .